Iran: L'ex-président Ahmadinejad de nouveau candidat
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Mahmoud Ahmadinejad a annoncé sa candidature à l'élection présidentielle iranienne, dont le premier tour a lieu le 18 juin. Mais dans les faits, ses chances d'y participer sont minces.
Sa barbe a blanchi, mais son visage anguleux reste bien connu des Iraniens. Et il pourrait bientôt être placardé dans tout le pays. L'ancien président Mahmoud Ahmadinejad s'est porté officiellement candidat ce mercredi à l'élection présidentielle, dont le premier tour doit avoir lieu le 18 juin. Ce fantôme du passé qui a marqué la scène planétaire a-t-il des chances de remporter la mise ? Pas selon la presse iranienne qui estime que la probabilité qu'il obtienne l'aval du Conseil des Gardiens, chargé de valider les candidats, est presque nulle.
Plus de quinze ans après son arrivée au pouvoir, l'ancien maire de Téhéran est bien décidé à jouer les trublions dans ce scrutin. "En cas de disqualification, je déclarerai que je n'approuve pas l'élection et je n'y participerai pas" en soutenant un candidat ou en allant voter, a averti celui qui a dirigé l'Iran entre 2005 et 2013. Pour rallier le plus de voix, le sexagénaire se présente comme l'"enfant" du peuple, après avoir déposé son dossier de candidature au ministère de l'Intérieur. "Des millions de personnes à travers le pays m'ont invité à me présenter à l'élection et m'ont même ordonné de venir ici pour m'inscrire, plaçant une lourde responsabilité sur mes épaules", a déclaré ce fils de forgeron.
Le populiste âgé de 64 ans n'hésite pas à proférer des discours alarmistes pour tirer son épingle du jeu. Répétant, comme il le fait depuis plusieurs années, que la population a selon lui perdu confiance dans les dirigeants du pays, il a estimé que le scrutin de juin était "peut-être la dernière chance" de sauver la République islamique face aux défis "très sensibles" auxquels elle fait face tant pour des raisons "internes" qu'"internationales". A son arrivée au ministère, Mahmoud Ahmadinejad a été bruyamment acclamé par plusieurs dizaines de ses partisans scandant des slogans comme "Ahmadi[nejad], Ahmadi[nejad], on te soutient !"
De président à poil-à-gratter de la République islamique
Mais celui que ses opposants surnommaient "Adam Koch" (l'Exécuteur) était réputé pour son tempérament explosif et imprévisible. Sur le plan international, il aimait jouer avec les nerfs des Occidentaux sur la question du nucléaire iranien tandis que dans son pays, il devait rester soumis à l'autorité de l'ayatollah Ali Khamenei, le Guide suprême. D'ailleurs, Mahmoud Ahmadinejad se revendique comme un "laïc" et n'arbore pas le turban des mollahs. En 2009, la contestation - sévèrement matée - de sa réélection sur fond d'accusations d'irrégularités et de fraudes massives avait ébranlé la République islamique.
En 2013, Mahmoud Ahmadinejad avait dû abandonner son poste à l'issue de son deuxième mandat (comme le président sortant, Hassan Rohani cette année), la Constitution interdisant au chef de l'exécutif d'exercer trois mandats successifs. Depuis, l'ancien président ultraconservateur tente de se raccrocher au pouvoir. Il avait retenté sa chance lors de la présidentielle de 2017 en déposant sa candidature contre l'avis du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei.
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